Former pour amener le changement : la mission d’un insulaire du Pacifique en faveur de l’apprentissage inclusif

Pendant des années, Isaako Tuato a fréquenté les salles de classe du Samoa, se contentant d’écouter pour apprendre. Malvoyant depuis la naissance, il n’avait pas les livres ou les ressources dont disposaient les autres enfants. “Je ne pouvais que suivre la voix du professeur”, se souvient-il. “Pendant longtemps, c’est tout ce que j’ai eu.”

Tout changea lorsqu’il rencontra la Samoa Blind Persons Association (SBPA). Les membres de cette association pour les personnes aveugles ont appris à Isaako à lire le braille et lui ont donné ses premiers manuels en braille. “C’est à ce moment-là que tout a basculé”, dit-il. “Le braille m’a donné de l’espoir. Il m’a donné de la force.”

Aujourd’hui employé au sein du service de production braille de la SBPA, Isaako fait partie d’un mouvement en plein essor dans le Pacifique, qui cherche à construire un avenir où les personnes malvoyantes pourront accéder à une éducation, à des informations et à des opportunités dans les conditions qui leur conviennent. Isaako comptait parmi les 9 participants sélectionnés pour suivre la formation technique et pratique à la production de livres accessibles organisée à l’Université du Pacifique Sud à Suva, aux Fidji, du 7 au 11 juillet.

Isaako Tuato, tout sourire, devant l’écran d’une salle de classe projetant des informations concernant l’atelier sur les livres accessibles, organisé par le Consortium pour des livres accessibles et le Consortium DAISY.
Isaako Tuato, de la Samoa Blind Persons Association, participe à l’atelier sur la production de livres accessibles à Suva (Fidji).

La formation, organisée par le Consortium pour des livres accessibles (ABC) et financée par le fonds fiduciaire de l’Australie auprès de l’OMPI, a été dispensée par un expert du consortium DAISY et un expert de VisAbility, une bibliothèque pour aveugles en Australie. Malgré l’élan mondial suscité par le Traité de Marrakech, des pays comme le Samoa et les Fidji ne l’ont pas encore ratifié, ce qui signifie que la production de livres en format accessible, comme le braille, le format audio ou le texte électronique, nécessite toujours des autorisations spéciales de la part des titulaires de droits. Et si le besoin de matériel accessible est évident, les ONG du Pacifique ont toujours manqué de ressources et de formation technique pour le produire.

C’est pourquoi la formation aux Fidji a été si importante. Plus qu’un simple atelier, il s’agissait d’un pont reliant des organisations telles que la SBPA, l’Université du Pacifique Sud, la Fiji Society for the Blind et la United Blind Persons of Fiji aux outils et techniques les plus récents en matière d’édition accessible.

Plusieurs participants assis devant des ordinateurs participent à une session pratique sur les outils d’édition accessible, tandis que les animateurs donnent des conseils personnalisés dans une salle d’informatique.
Des participants reçoivent une formation pratique lors de l’atelier sur les livres accessibles, qui s’est tenu à Suva, aux Fidji.

“Cette formation est très concrète et productive”, déclare Isaako. “J’ai beaucoup appris, non seulement sur le braille, mais aussi sur la production de livres dans d’autres formats accessibles et sur l’utilisation de lecteurs d’écran.” Isaako espère à présent ramener ces compétences au Samoa pour aider la SBPA à diversifier son offre. À l’heure actuelle, la plupart des utilisateurs de la SBPA emploient le braille, et si cette méthode a permis à de nombreux élèves de réussir dans l’enseignement ordinaire, elle comporte néanmoins des lacunes. Avec la formation et le soutien adéquats, Isaako pense que la SBPA pourrait contribuer à combler ces lacunes en produisant d’autres formats accessibles.

“Notre participation à cette formation marque une étape importante dans le parcours suivi par le Samoa pour renforcer l’accessibilité en faveur de tous les citoyens”, a déclaré Houlton Faasau du Bureau du droit d’auteur de Samoa. “En développant les compétences locales en matière de production de livres accessibles, nous nous efforçons de renforcer l’inclusion dans le domaine de l’éducation et l’indépendance des personnes ayant une déficience visuelle. Cela renforce notre volonté de créer une société plus équitable où chacun dispose des outils nécessaires pour réussir.”

Des experts et des participants à la formation sur la production de livres accessibles sourient et lèvent le pouce devant un panneau de l’Université du Pacifique Sud.
Des experts et des participants se réunissent à l’Université du Pacifique Sud pour la formation à la production de livres accessibles.

Pour Isaako, l’édition accessible est une mission qui prend racine dans son expérience personnelle. “Je sais ce que l’on ressent quand on est exclu. Je sais ce que cela signifie de se voir offrir le livre qui vous ouvrira une porte. Je veux être celui qui ouvre cette porte.”

Alors que la formation s’achève, Isaako pense déjà à l’avenir. “C’est ma première formation ABC”, dit-il, “mais j’espère que ce n’est pas la dernière. Il reste encore beaucoup à faire.”


Tags:
ABC – Consortium pour des livres accessibles, Fonds fiduciaire IP Australia, Fidji, Samoa

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